Pétition: Sauver l’architecture pour sauver le sanctuaire de Beauraing (Belgique) !!!
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Le Sanctuaire de Notre-Dame de Beauraing est un lieu de pèlerinage situé dans le sud de la province de Namur, célèbre au plan international pour des apparitions en 1932-33.
Ce site a fait l’objet entre la fin des années cinquante et le début des années soixante d’un projet d’aménagement de grande envergure de la part de l’architecte namurois Roger Bastin, une des figures majeures de l’architecture belge du XXe siècle. Le projet développé avec Guy Van Oost portait sur la réalisation de l’ensemble des espaces intérieurs et extérieurs nécessaires à l’accueil des pèlerins et à leur recueillement. Une petite église néo-romane existait sur le site quand Bastin a imaginé un agencement des lieux d’une tout autre envergure.
Il s’agit d’une œuvre remarquable de la production architecturale de cet architecte et – sans doute – de l’un des plus beaux témoignages de l’engagement de l’architecture belge de l’époque pour la mise en valeur des lieux de culte dans une logique post-Vatican II. Bastin a été un des grands protagonistes de la revitalisation de ces lieux dès 1945 et tout au long de sa carrière. Il a construit et rénové de nombreuses églises, des monastères, des chapelles. Son œuvre est largement publiée, reconnue depuis toujours et est encore aujourd’hui admirée et respectée par ses utilisateurs et utilisatrices.
Cette œuvre s’inscrit dans un corpus majeur de contributions à « l’art d’église » par Roger Bastin, la décennie comptant des réalisations d’exception comme le pavillon Civitas Dei à l’Expo 58, le Grand séminaire de Salzinnes, le Collège interracial de Bujumbura, l’église de Heer-Agimont, la nouvelle aile du Séminaire de Floreffe ou la chapelle des Sœurs de Sainte-Marie à Jambes.
La notoriété nationale et internationale de Roger Bastin a récemment abouti au classement de sa maison par le Service Public de Wallonie, qui en a reconnu la valeur et le témoignage dans notre héritage culturel collectif. Comme plusieurs de ses œuvres, le sanctuaire a été réalisé en faisant usage surtout du béton armé brut de décoffrage, matériau économique, mais capable de produire des atmosphères lyriques adaptées au recueillement, à la prière.
Le sanctuaire de Notre-Dame de Beauraing est composé de plusieurs éléments qui participent à la mise en scène des célébrations. Le tout a été conçu avec les maîtres de l’ouvrage de l’époque pour correspondre aux démarches liturgiques souhaitées. Dix années se sont écoulées entre les premières études en 1958 et la fin du chantier en 1968. C’est dire si les décisions mises en œuvre ont été réfléchies.
Par ces qualités architecturales indéniables, par l’unicité et l’originalité de ses solutions spatiales, pour la qualité de l’ambiance, l’élégance et la sobriété des choix, par son statut emblématique dans la culture locale, nationale et internationale, ce site mériterait une protection comme monument et une approche de sa restauration qui démontre la compréhension de toutes ces valeurs.
Comme tout bâtiment arrivé à un certain âge, le sanctuaire a commencé à montrer des signes de faiblesse. En 2020, on constatait que des travaux devenaient nécessaires pour préserver les fonctions en place et continuer à accueillir les pèlerins dans les meilleures conditions.
Un projet a été proposé et accepté pour le réaménagement des espaces extérieurs. Celui-ci prévoit une transformation complète des revêtements de sols et un plus grand nombre de plantations. Il comporte par contre l’élimination d’éléments permettant le recueillement à l’extérieur : deux grandes toitures en béton en porte-à-faux, dessinées avec soin et dans la continuité de l’ensemble, qui surplombent et protègent des gradins et des accès.
Les raisons de cette démolition seraient les désordres apparus dans la crypte sous-jacente et des fissures dans les coques des « auvents ». S’il apparaît évident qu’une intervention est nécessaire, il est incompréhensible qu’il ne soit pas procédé à une restauration en bonne et due forme, avec une remise en état qui ne défigure ni l’édifice ni l’esprit de l’œuvre de Roger Bastin.
On peut comprendre que ce genre de construction ne fasse pas l’objet d’un entretien régulier et que les réactions apparaissent quand les dégâts se manifestent, mais nous invitons à considérer que les techniques d’intervention pour la réparation et la sauvegarde des bétons sont aujourd’hui parfaitement développées pour régler ce genre de situation.
Nous souhaitons alerter le public sur le manque de considération pour l’architecture du XXe siècle en Wallonie, et faire connaître notre indignation pour le déni face à l’œuvre d’un des plus importants architectes belges.
Nous invitons les autorités compétentes et les utilisateurs à revoir leur projet et à le considérer également à l’égard des préoccupations environnementales qui devraient inciter à éviter toute démolition inutile et à privilégier la réparation et l’entretien des biens concernés ; il y a là aussi une certaine noblesse en regard de l’architecture.
Ces dernières années, de trop nombreuses réalisations de Roger Bastin et de ses associés ont disparu, ont été défigurées ou désaffectées (les Foyers de l’ESMA à Auvelais et Malmedy, la maison Lejeune de Schiervel, le Musée d’Art Moderne de Bruxelles, etc.).
On doit s’arrêter là !
pour plus d’informations voir la notice établie par M. Raymond Balau, Architecte urbaniste, prof. hon. ENSAV La Cambre, critique d’art et d’architecture AICA/SCAM : https://acrobat.adobe.com/id/urn:aaid:sc:eu:2ce89b4c-c017-4c71-8f54-036fcf7843ac
source & info: www.change.org